Mes premiers championnats du monde de 24 h à Taipei (Taiwan)
Alors voilà comment j'ai vécu mes premiers championnats du monde de 24 h à Taipei (Taiwan) :
après quelques jours d'acclimatation à un temps gris et très humide, frais pour cette région tropicale (16 à 19 °C la journée) à la découverte d'une ville tentaculaire d'où émerge la plus haute tour du monde (508 m), nous avons eu droit à une cérémonie d'ouverture digne des J.O. la veille de la course.
Le samedi matin à 10 h pétantes, le départ est donné pour les 160 concurrents du championnat officiel et les quelques centaines de participants au championnat off qui se court en parallèle dans ce parc urbain où le parcours emprunte une boucle de 987 m sur des allées de ciment extrêmement sinueuses, avec une belle côte en prime. Un parcours apparemment usant mais, me sentant en grande forme et hyper motivé, je décide de maintenir mon timing de course qui prévoyait d'effectuer les 6 premières heures à 12 km/h. Tout se passe bien au début, et je pointe effectivement aux 6 h pile à 72 km, ce qui me place étonnamment dans le trio de tête ! Bizarre... serai-je trop rapide pour le profil du parcours ? Une heure plus tard, je suis même pointé en tête de la course ! Restons calme... Je profite tout de même du plaisir de la situation avant de me forcer à ralentir, d'autant plus facilement que les cuisses commencent à tirer. Le ciment et la côte ont en fait déjà effectué leur travail de sape et il est trop tard lorsque je m'en aperçois, le mal est fait.
Vers la 10ème heure commence ainsi pour moi une autre course où domine la souffrance, gérée au mental avec des cuisses explosées, où je coure avant tout non plus pour moi mais pour l'équipe et le maillot. Cela se complique d'autant plus que je me tords méchamment la cheville en début de nuit sur une plaque d'égout mal jointive, ce qui entraîne des dégâts sérieux au tendon d'Achille et à la cuisse gauche qui n'en avait vraiment pas besoin... Grâce au staff, notamment les kiné et médecin, j'arrive à aller au bout, en rétrogradant tout de même à la sixième place dans les toutes dernières heures. Sentiment mitigé de frustration de m'être fait remonter sur la fin après avoir tellement serré les dents pour tenir, et de satisfaction d'être malgré tout allé au bout avec un score honorable (243,7 km) et de m'être mêlé à la lutte dans le peloton de tête, pour contribuer à notre seconde place par équipe. Nous la savourons d'autant plus que le 1er tricolore, Mohamed Magroun (champion de France en titre) termine vice champion du monde et que les Françaises font troisième par équipe. Une belle moisson derrière les formidables Japonais(es) qui raflent le titre individuel (272 km !) et par équipe chez les hommes, et une première et troisième places individuelles et une seconde place par équipe chez les dames.
Et pour moi l'envie de faire encore mieux la prochaine fois, au Canada pour le championnat mondial 2007.
PS : une mention spéciale pour mes Asics GT 2110 fournies par Cressens Sport, d'un confort inégalable et dans lesquelles je n'ai pris aucune ampoule ni échauffement malgré 24 h à courir sur le ciment, souvent sous la pluie.