Athle.com : Bouabdellah, où en êtes-vous dans votre préparation ?
Bouabdellah Tahri : j’ai repris l’entraînement voilà presque trois
semaines. J’avais coupé cinq semaines après la fin de la saison. Cinq
semaines sans le moindre footing, comme je le fais chaque année, car le
corps humain a besoin de récupérer vu ce qu’on lui inflige pendant toute
l’année. Nous ne sommes pas des machines… J’ai attendu que l’envie
revienne avant de me remettre à courir.
- Comment vous sentez-vous
actuellement ?
- C’est la fin du Ramadan, qui est toujours une période un peu délicate
à gérer. Je m’efforce de ne m’entraîner qu’une fois par jour pendant la
première partie du mois, le temps que l’organisme s’adapte au jeûne.
Quand c’est le cas, je m’entraîne deux fois par jour. Mais je ne double
que les jours où je place une séance de PPG ou de musculation. C’est
pour moi une période de reprise, de préparation. Je me laisse jusqu’au
mois de décembre avant de donner une nouvelle direction à ma carrière.
- C'est-à-dire ?
- Je veux monter en distance, passer au 5000 m. Pour cela, j’ai
l’intention de m’entraîner avec ceux qui sont parmi les meilleurs au
monde sur ces distances, les Kenyans. J’y réfléchis encore, mais je
pense me rendre au Kenya deux mois, en janvier et février, pour
m’entraîner là-bas. Quoi qu’il en soit, je partirai à l’étranger à cette
période, pour trouver un groupe d’athlètes meilleur que moi. Mais j’ai
besoin, d’ici là, de retrouver une condition physique acceptable.
- D’où vous est venu cette envie
de quitter le 3000 m steeple pour passer au 5000 ?
- J’avais dit à mes proches que les Jeux d’Athènes marqueraient, quoi
qu’il arrive, un tournant dans ma carrière, qu’ensuite je prendrai une
décision. Je suis persuadé que c’est sur 5000, et sur plus long encore,
jusqu’au marathon, que je m’exprimerai le mieux. Bien sûr, c’est le 3000
m steeple qui m’a amené vers le haut niveau, j’ai fait six finales
internationales en sept ans sur cette distance. Mais j’ai toujours été
bien sur le 5000 m, j’y ai réalisé de bonnes choses en juniors, en
espoirs… Sans jamais vraiment le préparer, sans m’en donner les moyens.
Là, je me préparerai sur 5000 m pour le 5000 m. Et puis, cela me fera le
plus grand bien pour le steeple également. Car ce changement n’est pas
définitif, je reviendrai sur cette distance.

- Au niveau international, la
densité est actuellement très forte sur 5000 m…
- Je sais que la concurrence est plus forte, que ce sera plus dur que
sur 3000 steeple. Je sais ce qui m’attend. Mais j’ai un objectif,
m’approcher un jour sur 5000 des 13 minutes. Voire faire moins. Et je
veux me donner les moyens d’y parvenir.
- D’où votre envie de partir au
Kenya, comme vous l’aviez déjà fait voilà deux ans ?
- D’où ma volonté, effectivement, de m’entraîner avec des athlètes plus
forts que moi. Au Kenya, c’est dur physiquement et psychologiquement.
Mais j’ai envie de progresser. Je ne veux plus perdre de temps. Je dois
désormais donner une autre dimension à ma carrière, devenir plus
professionnel, intégrer un groupe où je ne serai pas le meilleur. C’est
comme ça que je progresserai.
- La saison passée fut pour vous
la première au cours de laquelle vous vous êtes entraîné seul. Quel
bilan avez-vous tiré de cette année olympique ?
- Ce fut une bonne saison… Même si je suis déçu de ma place aux Jeux, il
faut dire la vérité (ndlr : Bob avait terminé 7e). Mais sur la
physionomie de la course d’Athènes et sur la saison, je suis à ma place.
Il faut être honnête : un podium n’était pas jouable, à moins d’être
vraiment dans un grand jour. Les gars étaient beaucoup plus forts que
moi. Mais j’ai réalisé de bonnes choses pendant l’année : j’ai été
champion de France du 1500 m, j’ai gagné la Coupe d’Europe, j’ai fait de
bons meetings… C’est intéressant d’avoir prouvé ma régularité à ce
niveau-là. Maintenant, gagner le 5000 m aux France serait un beau
challenge : je serais alors devenu champion de France du 1500, du
steeple et du 5000 !
- Justement, quels seront vos
objectifs cette saison, et plus particulièrement cet hiver ? Un peu de
cross ?
- Je pense, oui. En tout cas, on ne me verra pas en salle. L’idéal
serait de courir les Championnats nationaux sur le long, puis les
Mondiaux, en France, d’ailleurs, sur le court. Mais on décidera de tout
cela en temps voulu. J’ai en tout cas vraiment envie de faire quelque
chose de bien. Je n’ai que 25 ans, et j’ai encore de belles années
devant moi. |